New York envoyé spécial
Depuis sept ans, John Sweeney préside l'AFL-CIO, la fédération qui coiffe la plupart des grands syndicats américains. Selon lui, la faillite d'Enron devrait mettre un coup d'arrêt à la déréglementation et aux privatisations des services publics. Entretien dans un couloir du Forum économique mondial, à New York.
L'affaire Enron va-t-elle changer la façon dont les Américains perçoivent leur système économique?
C'est une très sérieuse claque que reçoit le système actuel. L'affaire a déjà déclenché des débats sur la déréglementation des services publics, la comptabilité, la transparence et le système de retraite. Le Congrès travaille sur tous ces sujets. La première conséquence va être le renforcement de la protection des salariés, à travers les règles de gestion de leurs fonds de pension. L'autre conséquence directe, c'est la mort du projet de l'administration Bush de privatiser la Social Security (le régime public de retraites, ndlr).
George W. Bush, dans son discours sur l'état de l'Union, a mentionné son projet sur les retraites: il n'y a visiblement pas renoncé...
Oui, mais je ne pense pas qu'il y parviendra. C'est un problème que toute la nation va surveiller de très près. A la télévision, les gens ont entendu parler d'Enron, et ils ont perdu toute confiance dans ces plans d'épargne retraite.
Ne pensez-vous pas que, une fois l'émotion passée, tout reviendra à la normale?
Impossible. Des dizaines d'enquêtes ont été ouvertes, le sujet ne va pas disparaître d