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Libération
Interview

«Les globalisés répondent aux globalisateurs»

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publié le 6 février 2002 à 22h01

Porto Alegre, envoyé spécial.

L'écrivain catalan Manuel Vasquez Montalban n'avait pu être présent à la première édition du Forum social mondial en février 2001. L'homme qui a porté à l'écrit le célèbre détective Pepe Carvalho a parfois dénoncé «la planète des singes résignés et désabusés» face à la «logique rouleau compresseur» du libéralisme. Cette année, il a cultivé sa fibre résistante à Porto Alegre, avec une douce euphorie critique.

Quelles sensations vous inspire le Forum social mondial?

Porto Alegre est un lieu où les globalisés répondent aux globalisateurs. Un lieu de convergence inédit, où tous les mouvements sociaux du monde se sont donné rendez-vous. Il raconte les effets humains des dérégulations, des privatisations, des humiliations. Il brise la monopolisation du discours des prophètes d'Adam Smith et ses préceptes de félicité économique.

Qu'est-ce qui s'est mis en place ici?

Une nouvelle internationale, d'un genre inédit. Une internationale laïque et non dogmatique. Elle le fait sans recourir à la violence. Elle le fait aussi avec une esthétique de la contestation, un sens créatif et récréatif. Elle porte l'espoir d'une construction plus rationnelle du futur. Cette idée a trop longtemps été obérée par la pensée unique libérale. Un grand nombre d'intellectuels étaient transis, rongés par le pessimisme. Désormais, un nouvel idéal de progrès, lucide, et non euphorique comme les précédentes utopies, peut se mettre en marche.

Comment interprétez-vous l'afflux des hommes p