Menu
Libération
Interview

«Nous sommes surrégulés»

Article réservé aux abonnés
publié le 7 février 2002 à 22h02

Roland Berger, 64 ans, est le plus célèbre consultant allemand. Son cabinet, fondé en 1967, est numéro 2 en Europe, derrière McKinsey. Il compte quelque 1 700 collaborateurs, répartis dans 22 pays, dont la France. Très présent dans les médias allemands, Roland Berger est aussi consulté, par le gouvernement Schröder comme par ses prédécesseurs. Ce qui ne l'empêche pas ici d'être très sévère avec son pays.

D'où viennent ces plus de quatre millions de chômeurs ? Est-ce un problème conjoncturel ? Structurel ?

L'augmentation aussi forte de cet hiver est bien sûr conjoncturelle. Mais le fait que depuis 1994 l'Allemagne n'est jamais redescendue en dessous de 3,5 millions de chômeurs atteste de problèmes structurels. L'économie allemande ne commence à créer des emplois qu'à partir d'un taux de croissance de plus de 2,4 %. C'est un seuil particulièrement élevé. Aux Etats-Unis, l'économie crée des emplois à partir d'une croissance de 0,5 %, car les services y sont plus développés et les salaires augmentent moins vite que la productivité. En Allemagne, les salaires ont tendance à augmenter plus vite que la productivité, et le travail est remplacé par le capital.

Un autre problème est que l'Allemagne n'a pas de petits salaires. Rares sont ceux qui veulent travailler pour des salaires qui ne seraient guère plus élevés que le niveau de l'aide sociale ou des indemnités chômage. Résultat : après chaque récession, l'Allemagne se retrouve avec un socle de chômage un peu plus élevé. 4,7 % de chôm