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Libération
Interview

«Le Japon est une bombe financière à retardement»

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publié le 12 février 2002 à 22h12

Tokyo, de notre correspondant.

Criblé de dettes et de créances douteuses, le Japon a évité de justesse «un blâme» pour mauvaise gestion le week-end dernier à Ottawa, où s'étaient réunis les ministres des Finances et les banquiers centraux du G7. Américains, Japonais, Britanniques, Italiens, Allemands, Canadiens et Français ont pris le pouls de l'économie mondiale et se sont inquiétés du plus mal en point d'entre eux: le Japon, qui sombre dans la récession. Résidant au Japon, Kenneth Courtis, 48 ans, vice-président de la banque d'affaires américaine Goldman Sachs, observe les errements économiques nippons. Analyse décapante d'un expert.

Comment résumer la crise économique au Japon?

L'endettement et l'inconscience. Avec une dette publique équivalente à 135 % de son produit intérieur brut (PIB), le Japon a depuis longtemps pulvérisé les critères de saine gestion des pays les plus riches du G7. Et la situation ne fait que se détériorer. Au rythme actuel, l'endettement de l'Etat japonais risque d'atteindre 190 % du PIB avant cinq ans. Imaginez ce que cela représente en termes d'intérêts à payer pour les générations à venir. Lesquelles seront moins nombreuses et moins actives puisque le pays vieillit et que la proportion de retraités va y augmenter en flèche d'ici à 2030. L'archipel est une énorme bombe financière dont l'explosion est retardée pour une seule raison: la confiance aveugle des épargnants nippons. Leur matelas énorme d'économies placées dans les banques (estimé à 12 000