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Libération

Le dangereux sous-traitement des maladies professionnelles

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La Cour des comptes dénonce un système de gestion obsolète, alors que le nombre de cas augmente.
publié le 21 février 2002 à 22h20

La France a un parachute troué. C'est en quelque sorte le message de la Cour des comptes en rendant hier son rapport sur «la gestion du risque accidents du travail et maladies professionnelles», c'est-à-dire la caisse qui, au sein de la Sécurité sociale, assure les salariés contre les aléas de santé professionnelle. Le terme «gestion» semble d'ailleurs un doux euphémisme lorsqu'on lit le fruit d'une enquête de deux ans et demi menée par Christian Babuziaux, conseiller-maître à la cour. Parmi les griefs, cette dernière pointe un dysfonctionnement qui fait froid dans le dos: le système est incapable de repérer la montée des maladies professionnelles. Système statistique «partiel et fragmentaire», absence de volonté centrale, parcellisation des données, rareté des enquêtes épidémiologiques aboutissent au constat suivant: une «sous-estimation du nombre de victimes».

La recherche négligée. Les maladies sont en hausse constante, puisque leur nombre est passé de 6 000 cas en 1988 à 24 000 en 1999. Mais on ne connaît pas vraiment l'importance des dégâts à venir. En particulier, note la cour, «les données statistiques sont affectées par une sous-déclaration des risques professionnels en général et par une sous-reconnaissance des maladies professionnelles». François Logerot, premier président de la cour, avance une première explication: «L'économie a changé. La moitié des salariés travaillent aujourd'hui dans le tertiaire. Des risques industriels nouveaux sont apparus, ou sont mieux co