Berlin de notre correspondante
Les statistiques de l'Office allemand de l'emploi? «Truquées». Les 22 milliards d'euros investis chaque année en mesures de reconversion et d'emplois publics? «Effets incontrôlés»... Depuis que l'Allemagne a commencé à lever le voile de déférence qui entourait son Office fédéral pour l'emploi (sorte de méga-ANPE, qui gère aussi les assurances chômage), un ouragan de révélations, à peine croyables souvent, déferle sur la plus grande administration du pays (87 000 salariés, 54 milliards d'euros de budget annuel). Le scandale est énorme, à la mesure de ce mammouth qui chapeaute les 180 agences pour l'emploi du pays, et de sa place au coeur du modèle social allemand: «autogéré» par des conseils tripartites (1/3 patronat, 1/3 syndicats et 1/3 pouvoirs publics, au niveau fédéral comme au niveau local), l'office était un pilier du modèle consensuel allemand, et cette structure même n'est pas étrangère à ses problèmes.
Inspections. C'est un rapport de la Cour des comptes qui a mis le feu aux poudres en janvier, au moment même où l'Allemagne dépassait la barre des 4 millions de chômeurs. Sur les 3,8 millions de «placements» que l'Office prétend réaliser chaque année, 71 % sont erronés, a constaté la Cour, à partir d'inspections dans cinq agences locales. Sous couvert d'anonymat, des dizaines d'agents se sont alors mis à raconter à la presse comment, de fait, ils truquent systématiquement les statistiques. «Quand un chômeur prévient qu'il a retrouvé un emp