Genève, de notre correspondant.
Les temps sont rudes pour le surdoué de la finance helvétique. Lukas Mühlemann appartenait à cette espèce rare des grands fauves, rompant avec le calvinisme ambiant. Un cigare à la bouche, il s'exprimait volontiers sur des grands thèmes de société et affichait en public des opinions tranchées. Président et directeur général du Credit Suisse Group (la deuxième banque du pays), administrateur de la compagnie aérienne Swissair et de l'Opéra de Zurich, Lukas Mühlemann est aujourd'hui, à 52 ans, éclaboussé par un nouveau scandale.
Transferts illégaux. La Banco General de Negocios (BGN), détenue à 23 % par Credit Suisse First Boston (la banque d'affaires du Credit Suisse Group), fait l'objet d'une enquête de la justice argentine. Elle est soupçonnée d'avoir illégalement transféré 70 millions de dollars (80,4 millions d'euros) appartenant aux plus grandes fortunes du pays: politiciens, hauts fonctionnaires...
Or, depuis 1998, Lukas Mühlemann fait partie du conseil d'administration de la banque sud-américaine. Il vient de tenter de démissionner de son poste, mais sa demande a été rejetée. Quant au Credit Suisse Group, il essaie (sans succès) de se défaire du sulfureux établissement argentin. Rien de neuf pourtant: en 1995, la BGN avait été épinglée par les autorités de Buenos Aires pour «son manque de transparence». Selon la députée Graciela Ocana, citée dans l'Hebdo, la représentation du Credit Suisse Group en Argentine aurait participé «à une instituti