Ils ont fini le conflit sur les rotules, mais ils ont gagné. Après 115 jours de grève, les salariés du McDonald's du boulevard Saint-Denis à Paris ont obtenu ce qu'ils voulaient: la réintégration des cinq salariés licenciés en octobre dernier, accusés d'avoir volé 150 000 euros dans la caisse. C'est la première fois que le géant américain de la restauration rapide rencontre une telle résistance. Et plie. D'habitude, le personnel jeune, pas syndiqué, étudiant fait juste son travail et rentre chez lui. C'est le royaume de l'individualisme où le collectif n'existe pas: on ne s'investit pas dans le travail, encore moins dans le syndicalisme, puisque l'avenir est ailleurs.
Ce n'est pas cette mécanique qui s'est mise en marche aux premiers jours du conflit Saint-Denis. Et McDo ne l'a pas vu. Pas habituée à être malmenée par une grève, la direction a cru que le mouvement n'allait pas durer, qu'il s'agissait d'un énervement passager facile à enrayer. D'habitude, ceux qui élèvent la voix chez McDo le font le temps d'un débrayage de quelques heures. Les directeurs de restaurant ont appris à désamorcer ces agitations par une gestion «copain-copain»: tu arrêtes de râler, je te donne une place de cinéma. Ce système a failli au restaurant Saint-Denis. L'affaire est partie sur le terrain de l'injustice, sentiment qui mobilise fortement les jeunes. Surtout, les grévistes n'étaient pas tous des étudiants, mais des jeunes gens qui ont fait du petit boulot McDo leur vrai travail: ils étaien