Au pays du générique, la France fait figure de petit village gaulois qui résiste. Avec 5 % de part de marché, les génériqueurs font doucement rigoler les gros barons de la pharmacie. Troublante situation, car l'Allemagne (35 % de part de marché en volume), l'Angleterre (25 %) et, bien sûr, les Etats-Unis (50 %) ont, eux, fait une grosse place aux génériqueurs. «C'est assez logique, affirme Claude Le Pen, professeur à l'université Paris Dauphine, spécialiste du secteur. On constate que, dans tous les systèmes de santé où il existe un contrôle des prix du médicament, comme dans la plupart des pays d'Europe du Sud, la part du générique est très faible.»
Libéralisation des prix. Alors, à qui la faute? Aux labos, aux patients, aux médecins, aux pharmaciens? Ou à l'Etat? Les grands laboratoires américains ont une petite idée sur la question. «La France paye beaucoup trop cher ses génériques, elle devrait faire jouer plus fortement la concurrence», assure Henry McKinnell, le big boss de Pfizer, le numéro un mondial de la pharmacie, et lobbyiste planétaire pour une libéralisation des systèmes de santé européens.
Une plus grande liberté des prix, voilà ce que les multinationales du médicament réclament à cor et à cri. Pour faire baisser ceux des génériques (et donc les marges des génériqueurs) et faire augmenter ceux des nouvelles molécules (et donc les profits des gros labos). «Dans le système français, aucun acteur, à l'exception de la Sécurité sociale, n'a un réel intérêt économique