Le dernier sujet de crispation à la SNCF s'appelle Jupiter. Il y a une semaine, lors d'une conférence de presse consacrée aux ambitions européennes de l'entreprise, Guillaume Pépy, directeur général délégué clientèles de la SNCF, évoque le projet (baptisé Jupiter) de transformer Eurostar, structure non capitalisée cogérée entre Français (SNCF), Belges (SNCB) et Britanniques en une société de plein droit, basée à Londres, et où les actuels partenaires deviendraient actionnaires.
«Eclatement». Rien de révolutionnaire, affirme la direction de la SNCF, «il s'agit de renforcer la coopération entre les partenaires». L'entreprise ne cache pas un projet similaire avec le train franco-belge Thalys et pourrait transposer ce modèle à l'ensemble du réseau grande vitesse européen. La France ferroviaire du futur serait ainsi entourée d'émanations de la SNCF, gérant les réseaux grandes vitesses transfrontaliers (Elipsos avec l'Espagne, Artesia avec l'Italie et Lyria avec la Suisse). Evolution dénoncée par la CFDT, qui a stigmatisé hier, «sous couvert de coopération», l'«éclatement du réseau», et le risque d'une politique commerciale «très éloignée des standards du service public».
Selon un document interne que le syndicat s'est procuré, Jupiter entend améliorer la gestion de la liaison grande vitesse et ses finances calamiteuses. Eurostar a perdu cette année 150 millions d'euros. Tare structurelle selon le document qui fait état de coûts globaux (901,74 millions d'euros) excédant de loin les