Le bois libérien est-il de celui dont on fait des armes ? La spectaculaire occupation du cargo Agia Irène par un commando de Greenpeace (Libération du 26 février) a indirectement soulevé la question récurrente du financement du régime de Charles Taylor. Les militants écologistes, qui ont été expulsés mercredi manu militari du bateau, entendaient protester contre l'exploitation sauvage des forêts primaires. « Notre priorité, c'est la protection de l'environnement, insiste Ludovic Frère, responsable de la campagne de Greenpeace sur les forêts primaires. Mais il est évident que cette exploitation intensive engendre aussi des conséquences dommageables pour la population. Et le Liberia, dans le genre, c'est le maximum de la honte. »
Aura sulfureuse. Les 1 500 billes de bois transportées par l'Agia Irène sont un bon exemple en la matière. Comme les militants écologistes ont pu le constater, ces grumes ont été coupées par trois compagnies : Inland logging Co, Mohamed Group Co et Oriental Timber Co (OTC). Cette dernière et son PDG, le Néerlandais Gus Van Kouwenhoven, ont été en particulier pointés du doigt par l'ONG Global Witness et un panel d'experts des Nations unies pour leur implication dans le trafic d'armes en direction des rebelles sierra-leonais voisins. Kouwenhoven serait très proche du régime de Charles Taylor, et ses sociétés bénéficieraient de conditions plus qu'avantageuses au Liberia.
Parmi les sept acheteurs de la cargaison de l'Agia Irène, Greenpeace n'a pas manqué de