Le «golden parachute» ou prime de départ à 98 millions d'euros de Percy Barnevik s'accommode mal des 793 millions d'euros de pertes que ce PDG a laissés dans le groupe helvético-suédois ABB avant de le quitter. Les 8,3 millions d'euros de Mario Corti d'avance salariale font tache quand on songe que, quelques mois après sa prise de pouvoir dans le groupe SAirGroup, Swissair était liquidé. Les primes que touchent allégrement les patrons d'Ericsson ou de SAS ont quelque chose d'indécent quand elles s'accompagnent de milliers de suppressions d'emplois... Et que dire du paquet de stock options que le patron d'Enron s'est mis de côté en sachant que son groupe allait à la dérive, provoquant la faillite de milliers de petits actionnaires salariés?
Tant que les entreprises volaient de résultats records en résultats records, personne ne tiquait sur les émoluments extravagants de certains grands patrons. Dans la dernière décennie, ceux-ci n'avaient cessé de vanter le système du «salaire variable». Les bénéfices progressaient, les cours de Bourse s'envolaient, leurs salaires grimpaient en proportion. On vantait la «flexibilité» des rémunérations, gage d'un meilleur «intéressement» des salariés aux performances de leur entreprise. L'objectif était de convertir aussi l'ensemble du personnel aux bienfaits du salaire variable. Et de fait, au fil des ans, la part fluctuante n'a cessé de croître. Les vaches maigres arrivant, chacun est supposé se serrer la ceinture. Un cran pour les salari