Tokyo de notre correspondant
Avant la crise économique, ils tenaient les rênes de l'économie et de la finance. Aujourd'hui, ils sont accusés d'incompétence et de magouille. Les hauts fonctionnaires du «Zaimusho», le ministère japonais des Finances, sont tombés de leur piédestal. «Nous étions des seigneurs et nous sommes aujourd'hui des boucs émissaires, grommelle un fonctionnaire de la direction du Budget. On nous accuse de tout...» Accusés, aussi, de bloquer les changements voulus par le Premier ministre Junichiro Koizumi, les hauts fonctionnaires voient fondre leur influence. Le chef du gouvernement a lancé une réforme pour diminuer leurs prérogatives dans les ministères, où le pouvoir des directeurs généraux excède souvent celui du titulaire du portefeuille. Il s'est aussi attaqué à la privatisation des 153 agences gouvernementales (concession des autoroutes, sociétés de gestion des eaux, etc.), refuges dorés pour hauts fonctionnaires retraités.
Le parlement ligoté. La collusion des bureaucrates, hier révérés, avec les caciques du parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir depuis plus de cinquante ans enrage les élus rénovateurs. L'interminable crise des banques accablées de créances pourries a torpillé leur réputation d'infaillibilité. Les révélations sur les pots-de-vin et l'utilisation abusive des fonds secrets dans les plus grands ministères les discréditent. La faillite de grands groupes, comme celle du géant de la distribution Sogo durant l'été 2000, a démontré que les