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Le Sentier ou la délocalisation à Paris

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Une étude montre comment perdurent dans ce quartier des conditions de travail illégales.
publié le 5 mars 2002 à 22h29

Ils n'ont pas de congés payés. Ils sont payés à la pièce, à un tarif souvent inférieur au Smic. Certains mois, quand il y a moins de travail, on leur demande de rétrocéder en liquide une partie de leur salaire. Ils sont dans une totale dépendance vis-à- vis de leur employeur et à la merci des moindres caprices de l'activité. Quand on évoque ce type de conditions de travail, on pense aussitôt aux salariés des sweat shops, littéralement «usines à sueur» des pays en voie de développement où sont «délocalisées» certaines productions de pays riches. Et de fait, c'est un peu des mêmes qu'il s'agit dans le cas présent, sauf qu'ils sont en France. Ils travaillent dans les conditions des «délocalisés» à Paris, dans le Sentier. «Ils», ce sont les travailleurs étrangers, parfois en situation irrégulière, employés par des patrons chinois ou turcs, sous-traitants de la confection. Cette zone de «non-droit social» existe depuis longtemps et le constat de la «précarité» de ceux qui y travaillent est connu. Mais pourquoi perdure-t-elle ? C'est à cette question que tente de répondre le Centre d'étude de l'emploi dans une enquête récente.

Neutralisation. L'explication tient en quelques mots : «Le droit du travail reste lettre morte s'il n'est pas mobilisé par les acteurs...» Or, ici, explique l'auteur de l'étude, «les connivences entre employeurs et salariés aboutissent collectivement à sa neutralisation». Comme si, dans ces lieux de «délocalisation», chacun avait adopté un statut d'«extraterr