Chaque mot est pesé, mais certains ont plus de poids que d'autres. Et c'est comme ça qu'hier, à Bruxelles, la France a bloqué un compromis de l'Union européenne sur la libéralisation du marché européen de l'énergie (gaz et électricité), lors d'une réunion des quinze ministres de l'Economie de l'UE. Seule contre tous, a annoncé hier fièrement Laurent Fabius, elle a en effet refusé que soit modifié un paragraphe assurant que le sommet de Barcelone, les 15 et 16 mars, mettra «en place un calendrier ambitieux» pour «une libre accession (des professionnels) au distributeur de son choix».
C'est sur ce mot «professionnels», mis entre parenthèses dans le texte, que les discussions se sont envenimées entre la France et ses partenaires. Ces derniers, partisans d'une libéralisation complète des marchés du gaz et de l'électricité, voulaient supprimer du texte la référence, trop limitative selon eux, aux «professionnels».
Soucieuse, surtout en ces périodes électorales, d'obtenir des textes européens qu'ils garantissent le principe du service public, la France, en revanche, s'y est accrochée mordicus. Car le mot est une précision utile pour qui, comme Paris, veut limiter aux seuls professionnels le champ de la libéralisation et exclure a contrario les approvisionnements aux particuliers du champ de la discussion à Barcelone.
Mieux, la France a exigé, sans succès d'ailleurs, qu'on supprime la «parenthèse», trop susceptible de donner lieu à des interprétations ambiguës. Plusieurs formules de c