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Libération

Les très mauvaises surprises du «goodwill»

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Où comment des acquisitions surévaluées plombent les comptes.
publié le 6 mars 2002 à 22h30

Il y a eu les 15 % de ROE (retour sur fonds propres), la shareholder value (création de valeurs pour l'actionnaire) ou l'Ebitda (résultat opérationnel). Voici le nouveau terme financier qui fait peur aux patrons : le goodwill. En français, on traduit cela par «survaleur» ou «écart d'acquisition». Très précisément, il mesure la différence entre la valeur d'un bien et le prix auquel on l'a acheté. Exemple, vous avez acquis un appartement pour 1 million d'euros il y a quelques années. Depuis, le marché immobilier s'est retourné et il n'en vaut plus que 100 000. La différence (900 000 euros) est ce fameux goodwill. C'est-à-dire la perte de richesse.

Rien d'extraordinaire, donc. Ni même de nouveau. Les spécialistes de la finance discutent depuis des années sur la vraie valeur des entreprises. Sauf que l'apparition du terme dans le débat public dévoile un des principaux problèmes auxquels vont être confrontées les entreprises dans les prochaines années. Celui d'avoir mené des politiques d'acquisitions insensées lors de la bulle boursière de la fin des années 90. Achats qu'il va bien falloir assumer alors que les marchés financiers se sont écroulés. Des chiffres circulent, effrayants. Selon Bob Willens, analyste comptable de la banque d'affaires Lehman Brothers, il y aurait 1 000 milliards de dollars de survaleurs dans les entreprises américaines. Ce qui veut dire que les entreprises valent 1 000 milliards de moins que dans leurs comptes. De quoi causer la panique, même dans le mond