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Libération
Interview

«Une attitude ringarde»

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publié le 7 mars 2002 à 22h31

François Huwart, secrétaire d'Etat français au Commerce extérieur, estime que la décision américaine est un mauvais message pour la construction d'un commerce mondial régulé.

L'Europe envisage des mesures de sauvegarde pour protéger son industrie sidérurgique. N'est-ce pas une façon dépassée, ringarde, d'envisager le règlement du différend?

C'est surtout l'attitude américaine qui est ringarde. Si les Etats-Unis ont décidé de taxer de 30 % les importations d'acier en provenance du reste du monde, c'est parce que leur sidérurgie n'a pas su se restructurer. C'est du protectionnisme mal adapté. Les mesures de sauvegarde que nous pourrions prendre sont, elles, destinées à éviter que notre industrie sidérurgique européenne ne soit confrontée à un afflux massif d'acier en provenance de pays tiers, qui ne pourront plus exporter leur acier vers les Etats-Unis du fait de la hausse des taxes.

Des pays comme la Russie ou la Chine pourraient dénoncer ces mesures de sauvegarde?

Non, car nous resterons dans la légalité du commerce international. Chaque pays peut appliquer une mesure de sauvegarde pour protéger un secteur lorsque celui-ci est menacé par un afflux massif et inopiné des biens qu'il produit. Hors Union européenne, la décision américaine concerne 16 millions de tonnes d'acier qui vont se retrouver sans marché. Imaginez ce que seront prêts à faire leurs producteurs pour les écouler dans d'autres pays.

Quelles seront les répercussions de l'annonce de George Bush sur l'esprit de Doha?

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