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Libération

Cadrés pour travailler plus

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publié le 11 mars 2002 à 22h33

C'est bien connu, pour échapper aux rigueurs des 35 heures, certaines entreprises font un peu tout et n'importe quoi. Par exemple changer le statut de leurs salariés. On voit ainsi des employés lambdas se faire convoquer par leur direction qui leur propose de devenir cadre. Signez ici, en bas. Le «nouveau cadre» a ainsi l'honneur d'être doté d'un «forfait jours» qui lui donne le devoir de travailler au-delà des 35 heures hebdomadaires, sans véritablement bénéficier des heures supplémentaires.

La chaîne de supermarchés populaires Aldi, d'origine allemande mais qui compte 350 magasins en France, avait ainsi imaginé de faire passer soixante chefs de magasin ou d'entrepôt au statut apparemment enviable de cadres. Résultat: des horaires de 1920 heures par an (contre 1600 heures pour 35 heures par semaines) et une royale augmentation de salaire de 150 francs par mois comme récompense de tant de vertu! Le tout avec l'accord du seul syndicat CFTC de l'entreprise.

Seulement voilà, cadre au «forfait jours», selon la loi Aubry 2, signifie un minimum d'autonomie dans le travail. Dans les nouveaux contrats de travail, l'horaire de ces nouveaux cadres est spécifié: de l'ouverture du magasin à la fermeture du magasin. Donc les juges du tribunal, puis la cour d'appel de Versailles ont retoqué ces contrats de travail. Ils ont aussi, et c'est une première, annulé le plan social qu'Aldi avait mis en place. Une disposition obligatoire puisque plus de dix contrats de travail étaient modifiés en mê