Madrid de notre correspondant
«Ici, on est en Catalogne. Celui qui l'oublie peut avoir de mauvaises surprises.» Régine Marchand, 44 ans, a suffisamment d'expérience pour savoir de quoi elle parle. Cette infirmière de formation préside le Cercle des Français de Barcelone, une structure d'accueil mise en place dans les années 60 pour aider les hexagonaux dans leur recherche d'emploi ou de logement. Historiquement, beaucoup de facteurs ont rendu cette région limitrophe attractive: des liens culturels privilégiés, un cadre géographique enviable, une forte industrialisation, le dynamisme économique de Barcelone. D'autant que la région, la plus riche d'Espagne, connaît un taux de chômage inférieur à 5 %. Il faut simplement compter avec un obstacle: le catalan, l'idiome officiel régional.
«C'est souvent un désavantage de ne pas le parler; c'est toujours un atout de le maîtriser.» Régine Marchand établit une nette distinction entre les secteurs privé, d'un côté, public, ou semi-public, de l'autre. «Dans le premier cas de figure, ajoute-t-elle, la barrière linguistique n'a aucun impact. Par exemple, les médecins, dentistes ou les psychanalystes travaillant à leur compte ne rencontrent aucune difficulté.» Les choses se corsent dans des domaines considérés comme plus «sensibles». Depuis 1980, la Catalogne est aux mains des nationalistes catalans, dirigés par l'inoxydable Jordi Pujol. Or, au cours de deux décennies au pouvoir, ce dernier a fait de la promotion du catalan une des priorités