Vivre et travailler ailleurs, en Europe: un rêve souvent caressé, rarement réalisé. Trop rarement, même: en 2000, seuls 225 000 personnes ont déménagé dans un autre pays de l'Union, soit 0,1 % de la population des Quinze. Sur 375 millions d'Européens, 6 millions seulement vivent dans un autre pays que celui qui les a vus naître, soit un misérable 1,5 % (1). Rien à voir avec les Etats-Unis où chaque année, 6 % de la population change de comté.
La Commission européenne s'alarme de cette absence de mobilité des citoyens. Elle vient de rendre public un «plan d'action» visant à garantir la mobilité (géographique mais aussi professionnelle) des travailleurs d'ici à 2005 que le Sommet de Barcelone des 15 et 16 mars devra adopter (Libération du 14 février). Les entreprises, elles aussi, sont de plus en plus préoccupées par cette rigidité. En effet, alors que des régions connaissent de forts taux de chômage, d'autres manquent de bras. Et l'on sait que dans une zone monétaire unique, telle que l'Euroland, la mobilité des travailleurs est absolument nécessaire en cas de choc asymétrique (si, par exemple, un seul pays entre en récession). Une étude réalisée dans huit pays par le cabinet PriceWaterhouseCoopers et rendue publique le 14 février montre que les employeurs jugent que la compétitivité européenne est menacée par la réticence des travailleurs à franchir une frontière: «Le problème n'est pas le manque de compétence en Europe. C'est juste que les gens ne sont pas à la bonne pla