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Libération

Mitsubishi: l'amertume après l'emballement

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A Vitré, les salariés ne comprennent pas la fermeture de l'usine de portables.
publié le 11 mars 2002 à 22h33

Vitré envoyé spécial

Pour beaucoup, c'était la première manif. Dans les rangs, pas la moindre banderole syndicale. Les quelque mille employés de Mitsubishi, dont la moyenne d'âge doit se situer autour de vingt-cinq ans, avaient choisi de faire sobre pour défiler vendredi dans les rues de Vitré (Ille-et-Vilaine) et exprimer sur des airs de Star Academy ou des Restos du Coeur leur «colère et leur écoeurement». Même aujourd'hui, les salariés ont du mal à croire ce que la direction leur a annoncé voici une semaine: la fermeture de leur usine d'Etrelles, près de Vitré, et la délocalisation en Chine de la production de téléphones portables. «On voyait bien qu'il y avait un ralentissement du marché et on s'attendait à un plan social, raconte un employé. Mais, avec de nouveaux bâtiments et des embauches fermes il y a encore quelques mois, on ne pensait pas à une solution aussi radicale.»

L'amertume est d'autant plus profonde que, portés par l'aura des technologies nouvelles, la plupart de ces jeunes salariés, propulsés, pour certains, responsables d'une ligne d'emballage ou de fabrication à 22 ou 23 ans, avec un BEP ou un BTS en poche, se sont investis sans compter. «J'ai perdu huit kilos en un an, raconte Jean-François, venu de Cherbourg pour devenir «conducteur» d'une ligne d'emballage à 25 ans. Parce que je voulais donner le meilleur de moi-même. Il fallait produire tant de mobiles, tel jour à telle heure pour être compétitif. OK! Il n'y avait pas une minute à perdre. On était tous