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Libération
Interview

«On n'émigre que sous la contrainte»

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publié le 11 mars 2002 à 22h33

Gérard-François Dumont, professeur de géographie à l'université Paris-IV Sorbonne, est l'auteur des Migrations internationales (1995. Editions CDU-Sedes) et de l'Identité de l'Europe (CRDP de Nice, 1997).

Comment a évolué la mobilité des travailleurs depuis l'après-guerre?

Elle est en déclin constant. Si l'on excepte les échanges transfrontaliers entre pays du nord de l'Europe, les principaux flux concernaient des travailleurs peu qualifiés partant d'Italie, d'Espagne et du Portugal pour s'installer en France. Ils succédaient aux Belges et aux Polonais, arrivés à la fin du XIXe siècle et au début du XXe.

Le basculement a lieu dans les années 70: terre traditionnelle d'émigration, l'Italie devient en 1972 un pays d'immigration; le même phénomène se produit en Espagne et au Portugal dès 1975-1976, encore accentué par le retour d'une partie des réfugiés politiques. Ce déclin se poursuit aujourd'hui: alors qu'en 1994 la France accueillait plus de 11000 nouveaux travailleurs étrangers d'origine européenne, et encore 7000 en 1996, elle n'en accueille plus que 5500 en 1999.

On relève aussi des évolutions qualitatives. D'une part, la provenance des travailleurs étrangers se diversifie, même si le Portugal (30 %), le Royaume-Uni (15 %) et l'Italie (15 %) restent les principaux pourvoyeurs d'émigrants. D'autre part, la proportion de travailleurs européens non qualifiés décline ­ du moins si l'on ne prend en compte que ceux qui bénéficient d'un statut légal: aux renforts traditionnels du b