Faut-il jeter le PIB aux orties? Le Produit intérieur brut est la seule boussole des statisticiens pour calculer la richesse des pays. «C'est un non sens absolu, un indice daté, qui remonte à l'après-guerre», épingle Jean Fabre, directeur adjoint du Pnud, Programme des Nations unies pour le développement. «L'augmentation du PIB peut s'accompagner d'évolutions positives, relativise la philosophe Dominique Meda, mais le contraire est aussi possible, sauf qu'on n'en tient pas compte...» Le PIB serait même, selon des experts, ainsi un «thermomètre» accusé «de rendre malade».
De quels maux se voit donc accusé le PIB? Il comptabiliserait, sans aucune distinction, toutes les activités génératrices de flux monétaires. Catastrophes, accident, humainement ou écologiquement destructeurs sont ainsi intégrés dans le calcul. «L'Erika qui s'échoue sur les côtes? s'interroge ainsi Jean Fabre. Une source de richesse: les compagnies d'assurances, les coûts de dépollution engendrent des recettes qui s'ajoutent à la richesse du PIB. Mais tout le travail des bénévoles qui nettoient les plages souillées, est oublié.» En d'autres termes, le PIB serait un indicateur productiviste. «Prisonnier d'une vision purement monétariste et donc marchande de l'économie, purement rationnelle des chiffres», confie Guy Hascoët, secrétaire d'Etat à l'économie solidaire.
Court terme. Tout ce qui n'est pas chiffrable n'existerait donc pas. Et tout ce qui n'existerait pas formellement, ne serait pas pris ou mal pris