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Libération

Colombie: «On ne peut rien avoir des banques».

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Sans la coopérative, Matilde, 55 ans, serait sans maison, ni travail.
publié le 16 mars 2002 à 22h38

Barrancabermeja (Colombie), envoyé spécial.

Matilde Aguilar habite à Barrancabermeja, ville de 300 000 habitants. Cette agglomération urbaine du centre de la Colombie n'échappe pas à la règle: chassés des campagnes alentour par la violence et le chômage, les paysans colombiens viennent tenter leur chance en ville. Veuve et mère de deux enfants, Matilde bénéficie des prêts d'une coopérative féminine qui finance les projets des femmes des quartiers populaires. Couturière de 55 ans, elle raconte son expérience.

«C'était il y a dix ans. Je revenais tranquillement chez moi quand j'ai entendu les cris de mes voisins: ma maison brûlait. Les pompiers étaient déjà là. Mais, au bout d'une heure, il ne restait plus que des murs noircis. Nous avions tout perdu d'un coup et, bien sûr, nous n'avions pas un peso pour les réparations. A l'époque, mon mari était pêcheur. Alors, je suis directement allée voir l'Organisation féminine populaire (OFP), une association créée il y a trente ans et dont je suis membre. Je savais que depuis deux ans, à travers une coopérative, elle accordait des petits prêts à toutes celles qui, comme moi, ne peuvent rien avoir des banques. Ici, pour arracher un crédit, il faut trouver quelqu'un qui veuille bien se porter caution. Or maison brûlée ou pas, avec mes travaux de couturière et le poisson que pêchait mon mari, aucune banque ne nous aurait fait confiance.

«C'est pour cela que j'ai frappé à la porte de la coopérative de l'OFP. Je profitais déjà de son activité