Chaque soir, sur M6, à l'heure des tunnels de pubs des autres chaînes, les sept minutes de l'impitoyable vie de l'entreprise de Caméra café réunissent 4,5 millions de personnes. Quelques sketches bien sentis, un plan fixe depuis la machine à café et une kyrielle de personnages médiocres mais attachants. Mais Caméra café, c'est surtout la vie de bureau dans toute son horreur: les cadeaux collectifs pour l'anniversaire d'une collègue, les rumeurs sur le rachat de la boîte, le stage de rafting décidé par le CE, l'affolement d'hormones mâles à l'arrivée d'une nouvelle stagiaire et le harcèlement moral («Si on est dur, c'est aussi pour son bien»).
Entretien entre deux prises avec les trois inventeurs de l'émission, Bruno Solo, Yvan Le Bolloc'h et Alain Kappauf.
Comment est née l'idée de «Caméra café»?
Bruno Solo. En 1995, on cherchait un concept de fiction courte et on s'est aperçu qu'à Canal +, où on travaillait alors, comme dans les autres boîtes, c'est devant la machine à café que les salariés se retrouvent. Nous avons proposé l'idée à Canal, qui était d'accord pour un «pilote» à condition qu'on le finance nous-mêmes. Nous avons refusé. Nous avons proposé le concept à tout le monde, personne n'y croyait. Pourtant, l'idée que nous avions alors sur le papier est pareille à ce qu'on voit aujourd'hui à l'antenne. Nous avions déjà écrit le scénario et les personnages principaux. Puis, quand on a vu qu'Un gars, une fille (diffusé sur France 2, ndlr), q