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Les Champs-Elysées de la précarité

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Sur l'avenue chic-populaire, les magasins tournent à plein avec des salariés payés au smic. Toujours disponibles,ils assurent les horaires du soir et les dimanches.
publié le 18 mars 2002 à 22h38

Dans la campagne présidentielle, l'incident est passé presque inaperçu. Le 6 mars, le candidat Jospin devait dédicacer son livre au Virgin Megastore des Champs-Elysées, mais de jeunes salariés l'ont pris de court. «[Vous venez] aujourd'hui aux Champs-Elysées. Sachez que les salariés qui y travaillent ont rebaptisé la plus belle avenue du monde "avenue de la Précarité".» Le Premier ministre ne s'est pas montré. A la place, une joyeuse manif, emmenée par la CGT et différents collectifs, a fait le tour des grandes enseignes, McDo, la Fnac, avec lâcher de tracts chez Virgin et Sephora. Ils dénonçaient bas salaires, temps partiel, travail du dimanche et des jours fériés. Le mouvement est parti de la Fnac, en grève depuis plus d'un mois. Avec la grogne de janvier chez McDo, jamais les Champs n'ont connu une telle contestation, même si elle est portée par une infime partie des salariés.

Sur la «plus belle avenue du monde», tout est réglé au millimètre. Les grandes enseignes rivalisent dans la décoration ostentatoire et dans les horaires à rallonge. Virgin, la Fnac ou Sephora sont ouverts sept jours sur sept (lire encadré) de 10 heures à minuit, McDo jusqu'à 2 heures. Pour faire tourner ces temples de la consommation, il faut du personnel flexible, qui accepte les horaires décalés. Ce sont surtout les jeunes et les étudiants qui s'y collent: temps partiel et dimanche sont compatibles avec leurs études. «On n'encourage pas nos employés à être en temps partiel, dit une porte-parole de