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Libération

Un mur pour faire disparaître le bidonville de la honte

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Il rend la zone défavorisée invisible pour les conférenciers.
publié le 18 mars 2002 à 22h37

Monterrey envoyé spécial

Alors qu'elle accueille la conférence de l'ONU sur le financement du développement, la ville de Monterrey ne pouvait imaginer pire symbole. A quelques centaines de mètres du luxueux quartier d'affaires Cintermex, où se retrouvent cette semaine 40 chefs d'Etat étrangers, les autorités locales ont bâti ce que les journaux mexicains nomment désormais «le mur de la pauvreté». Deux cents mètres de long pour deux mètres de haut: l'édifice gris, où s'affairent toujours des engins de terrassement, est tout simplement destiné à soustraire à la vue des grands de ce monde un bidonville dont les baraques minables sont faites de tôle et de planches.

Une construction que n'annonce pas le site Web de l'ONU, qui décrit Monterrey, capitale du Nouveau-Léon, comme la perle du Mexique, pays lui-même cité en exemple par les institutions internationales pour avoir adopté avec succès la voie du libre-échangisme avec les Etats-Unis et le Canada, voilà une dizaine d'années. «En 1999, le magazine Fortune a classé Monterrey première ville d'Amérique du Sud pour faire du business», annonce avec enthousiasme l'Organisation des nations unies dans sa courte introduction à la conférence sur le développement. Le tableau frôle le sublime: «L'Etat du Nouveau-Léon se classe parmi les premiers pour ses standards de vie, tels que la sécurité, l'environnement culturel, les équipements de santé, l'éducation.»

Principal pôle industriel du Mexique, la ville accueille des multinationales prestig