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Libération

A pied contre le chômage

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publié le 25 mars 2002 à 22h42

En 1994, la marche des chômeurs avait stupéfié la France, rassemblant des centaines, voire des milliers de personnes, autour des associations de sans-emploi. Un an après, Jacques Chirac était élu président de la République sur le thème de la fracture sociale. Huit ans plus tard, qui a entendu parler des douze chômeurs, partis de Lunel, d'Alès et de Mèze, dans les Cévennes (département du Gard), à pied, le 2 mars, pour la «marche de la galère» ? Ils se sont arrêtés, de cinquante kilomètres en cinquante kilomètres, dans une vingtaine de villes. Quelquefois accueillis avec le gîte, le couvert et même les honneurs : «Un maire a marché avec nous avec son écharpe tricolore», raconte l'un d'eux. Quelquefois comme des chiens, comme à Longjumeau, où ils ont dû occuper la mairie pour obtenir qu'on leur ouvre la porte d'un gymnase où passer la nuit... «Vous savez, dit un marcheur , le chômage et la misère, ça fait toujours un peu peur, il y a des gens qui ne veulent pas la voir chez eux.»

Les neuf survivants à la pluie et à la boue sont arrivés le 20 mars à Paris. On les rencontre dans un squat du XVe arrondissement de Paris. Leurs pérégrinations dans la capitale ont été infructueuses. A Matignon, les CRS les ont dirigés vers le ministère de l'Emploi et de la Solidarité. Chez Elisabeth Guigou, un sous-directeur les a finalement entendus. Franck Lucille, 62 ans, et 850 km dans les baskets, en est sorti «déçu». «Nous, on avait vu les médecins, les gendarmes, les infirmières, manifester et