C'est une histoire de sucre, de très gros sous et de paysans bien de chez nous qui sont prêts à faire un pari très risqué pour réaliser leur rêve d'industriels. Dans les coulisses, on trouve aussi de grosses pointures du business en embuscade, des hauts fonctionnaires, des banquiers, et peut-être même des «traîtres».
Le sucre, c'est celui de Béghin-Say, premier groupe sucrier français, à l'origine l'une des plus vieilles maisons de négoce, fondée il y a presque deux siècles. Les nouveaux propriétaires de Béghin-Say, Fiat et EDF, l'ont mis en vente depuis quelques mois : l'affaire ne rapporte plus assez à leur goût, moins en tout cas que Montedison, qu'ils ont racheté ensemble l'été dernier et qui contrôlait Béghin-Say. La vieille manufacture sucrière et ses neuf usines tricolores sont donc à prendre ; les offres de reprise doivent être déposées vendredi auprès de la BNP, conseil du sucrier dans ce dossier.
Un gros milliard d'euros. Des offres au prix fort, à en croire le cours de Béghin-Say à la Bourse de Paris : 35 euros il y a six mois, quand l'affaire a été mise sur le marché, plus de 43 euros ces derniers jours, ce qui, au total, coûterait un gros milliard d'euros aux impétrants : «Béghin-Say ne se vendra sûrement pas moins cher que Saint-Louis», calcule un financier. Allusion à l'autre gros sucrier français que l'homme d'affaires belge Albert Frère a cédé sans prévenir à l'allemand Südzucker à l'été 2001, ramassant au passage une jolie plus-value. Ce deal surprise a semé