Osaka envoyé spécial
Depuis sept ans, Yasuko Yatani et Kinuko Ishida se heurtent à un mur : celui de l'indifférence que suscite encore, au Japon, la question de la discrimination sexuelle au travail. En 1995, ces deux salariées de Sumitomo Chemical ont, avec quatre collègues employées dans deux autres branches du géant industriel nippon (Sumitomo Electric et Sumitomo Metal), déposé plainte auprès du tribunal de district d'Osaka pour «discrimination salariale et entrave à une évolution de carrière normale». Une démarche inédite, appuyée par un argument massue : l'article 14 de la Constitution nipponne stipule l'égalité hommes-femmes et plusieurs lois la dernière a été votée en 1999 sanctionnent toute discrimination professionnelle entre les sexes. Pourquoi donc Sumitomo, comme tant d'autres employeurs nippons, persiste-t-il à payer ses employées 20 % à 50 % de moins que les hommes, même si elles occupent des fonctions identiques ? Et pourquoi, surtout, le groupe n'offre-t-il pas d'évolution de carrière comparable aux femmes ? «Nous luttons pour soulever la chape de plomb, s'exclame Yasuko Yatani, 52 ans, à la sortie d'une nouvelle audience devant la Haute Cour de justice d'Osaka. Ce genre d'abus est courant dans le monde du travail nippon.»
Postes de «secrétariat». Les deux rebelles qui ont engagé ces bras de fer contre leur employeur ont eu, en février, une première satisfaction. Dans une affaire similaire, le tribunal de Tokyo a obligé la firme de courtage Nomura Securiti