Louis Gallois, président de la SNCF, homme de gauche, légaliste et démocrate, a failli être condamné pour «discrimination syndicale». La cour d'appel vient tout juste de le relaxer d'une condamnation en correctionnelle. L'affaire remontait à décembre 2000. Les plaignants, deux syndicalistes CFDT niçois soutenaient que leurs fonctions de conseillers prud'hommes avaient pénalisé leur carrière professionnelle au sein de la maison. François Roussely, le président d'EDF, pourrait se retrouver dans le même sac. Le procureur de la République de Pau a sur son bureau un procès-verbal de l'inspection du travail qui met à jour, dans un établissement de l'entreprise, une affaire de discrimination syndicale à l'encontre de quinze cégétistes du Béarn.
Les exemples de la SNCF et de EDF démontrent une chose que la France ne voulait pas voir : la discrimination syndicale n'est pas uniquement pratiquée dans quelques groupes emblématiques de l'antisyndicalisme comme Citroën et Michelin. La CGT, première organisation à s'être mobilisée sur le sujet, a établi une liste de plus de soixante-dix entreprises «discriminantes». Parmi celles-ci, on trouve le gratin de l'économie française : Renault, Aérospatiale (maintenant EADS), Matra, Thales, Framatome, Snecma, la SNPE, Comurex, Sollac, Ugine, Delphi, mais aussi la RATP, ou encore des PME comme TLD Tracma, près de Tours. Cette mise en accusation a fait réfléchir dans les états-majors et conduit certains dirigeants à anticiper et à ouvrir des négociat