Daniel Richter est dans la dernière ligne droite. A 59 ans passés, pour lui, la retraite est à portée de main. Avant, l'ex-porte-drapeau de la CFDT chez Renault mène une dernière négociation. Pour lui-même, une fois n'est pas coutume. Ancien délégué syndical central, ancien secrétaire du comité de groupe européen au moment de la fermeture de l'usine belge de Vilvorde (1997-1998), il tente de régler les comptes avec la direction, dans le cadre de l'accord sur la discrimination. Pour lui, elle a commencé en 1971. Trois ans après son embauche comme ingénieur, il refuse de participer à un piquet antigrève, à une époque où maîtrise et OS échangent volontiers des pierres et des insultes, à l'usine de Flins. Pendant longtemps, il fut donc le seul délégué syndical cadre d'une usine de production. «Pendant seize ans, on m'a affecté à des tâches sans intérêt, privé d'exercer mon vrai métier, évidemment avec un blocage du salaire. Je suis même passé un temps sous les minima de la grille de la métallurgie. On voulait me faire partir.» En 1987, l'ostracisme s'atténue. La carrière et la progression de salaire reprennent «presque normalement».
Aujourd'hui, Daniel Richter estime que, chaque mois, il est pénalisé de «5 000 francs minimum», sans parler de ce qui a disparu entre 1971 et 1987. Mais, estime-t-il, «ce n'est pas le passé le plus important, mais le déficit de cotisations pour la retraite : 5 000 francs de salaire en moins aujourd'hui, ce sont des milliers de francs de pension en moi