S'il ne devait en rester que deux, cela devait être ces deux-là. Patrice Legrand (28 ans) et Stéphane Mathieu (31 ans), fondateurs du site d'information boursière Boursorama, faisaient office, depuis de longs mois déjà, de derniers rescapés de la Net-génération française. Non, la nouvelle économie n'avait pas été une hallucination collective, puisque Boursorama marchait encore sur ses deux jambes. Tout seul et fier de son indépendance. Malgré un chiffre d'affaires en baisse (7,9 millions d'euros en 2001 contre 9 millions en 2000), le premier site d'information boursière avait même réussi la prouesse de gagner de l'argent l'an dernier (1,2 million d'euros) malgré la crise publicitaire. C'est dire si l'affaire était du solide.

«Injoignables». Pourtant, les deux copains de Nancy (qui détiennent 75 % du capital de la société) ont finalement cédé aux douces avances de Fimatex, le courtier en ligne de la Société générale, empochant la coquette somme de 44 millions d'euros (dont 80 % en échange de titres). «Désolez, mais ils sont tous les deux injoignables», s'excuse à peine la responsable de la communication. Voilà qui résume parfaitement nos deux entrepreneurs, grands adeptes du «vivons cachés». Même au sommet de la déferlante de la Netmania du début de l'année 2000, ils distillaient les interviews au compte-gouttes quand d'autres en faisaient un métier à temps plein. «Ils sont toujours restés les deux pieds sur terre», assure un investisseur de feu la Net-économie.

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