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Libération
Interview

«On ne va pas repêcher à la ligne»

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publié le 3 avril 2002 à 22h55

Christian Rafin, 40 ans, est patron navigant du P'tit Loup, thonier de 22,40 mètres basé à Port-Joinville. Il a participé ce week-end au blocus du port (lire ci-contre).

«Cela fait douze ans qu'on pêchait au filet maillant dérivant (FMD) à l'île d'Yeu. Il s'étirait de la surface jusqu'à 25 mètres de profondeur. On le lâchait dès qu'on repérait un banc de thons au sondeur. Il dérivait toute la nuit, parfois plus, au gré des courants. L'Union européenne nous a réduits les FMD progressivement : 7 kilomètres de longueur, puis 5, puis 2 500 mètres, jusqu'à l'interdiction complète le 1er janvier.

Efficacité. «Le problème, c'est que l'on doit maintenant transformer les bateaux pour les adapter à de nouveaux modes de pêche dont on ne sait pas encore s'ils seront efficaces. Et ça coûte très cher. On a déjà des emprunts à bloc sur le dos. J'ai encore plus de la moitié de mon bateau (prix d'achat 1,06 million d'euros) à régler et s'il avait fallu payer les taxes sur les aides publiques à la reconversion dès cette année, cela revenait à supprimer presque la moitié de la prime. L'étalement des impôts sur sept ans va nous donner un petit ballon d'oxygène pour faire les investissements nécessaires que j'estime à près de 300 000 euros par armement. C'est plus que les 275 000 euros de subventions que l'on va toucher par bateau, hors impôts. Si on n'avait pas trouvé un accord avec Bercy, c'est certain, beaucoup auraient abandonné. Sur les 20 thoniers de l'île d'Yeu, deux ont déjà été revendus e