Mais quelle mouche les pique ? La loi interdisant le harcèlement moral au travail n'a que trois mois (lire page III) mais déjà quelques-unes de ses dispositions agitent les employeurs. Surtout celle qui indique qu'ils doivent tout mettre en oeuvre pour prévenir «les agissements répétés de harcèlement moral», «qui ont pour objet ou effet une dégradation des conditions de travail», «portent atteinte aux droits et à la dignité», «altérent la santé physique et mentale».. faute de quoi ils pourraient être condamnés pour non-assistance à personne harcelée.
«Depuis janvier, je suis submergée d'invitations à des colloques et autres séminaires de DRH et de chefs d'entreprise», confirme Marie-France Hirigoyen, psychiatre, auteur du livre Le harcèlement moral, la violence perverse au quotidien. «Ils ne s'y bousculent pas par plaisir. Ils veulent se protéger. Pas de procès publics, surtout pas, alors comment faire ?»
Lever le tabou. Première préconisation de la grande prêtesse: déballez votre linge sale. Faites passer le message que la souffrance mentale n'est pas tabou, qu'elle doit être dite et ses auteurs sanctionnés. «Si le verrou de la parole saute, c'est déjà énorme.» Si beaucoup en parlent, peu s'en soucient. Trop récent, trop dérangeant aussi, comme le prouve l'expérience en cours à la Mairie de Paris. Les déclarations très «prorespect des individus au travail» de Bertrand Delanoë doublées de la publicité faite en interne autour de la loi antiharcèlement, y ont déclenché un «outin