Lundi 10 décembre 2001. Au conseil régional d'Ile-de-France, la ministre Elisabeth Guigou, la psychologue Marie-France Hirigoyen sont venues débattre du «Harcèlement moral et la citoyenneté au travail». L'ensemble du personnel a été convié à la manifestation. Tous les groupes politiques sont représentés, les organisations syndicales au complet, deux à trois cents agents sont présents. A quelques semaines de la promulgation de la loi «antiharcèlement» (du 17 janvier 2002), la région veut jouer la carte «on en parle». Michèle Sabban, la vice-présidente socialiste et la direction des ressources humaines ont organisé ce «coming out» qualifié de «courageux» par les syndicats, unanimes.
Dans la salle, plutôt de l'employé que du gradé. Les directeurs ont préféré rester dans les étages, les têtes d'affiche ne pas se montrer. «La perspective de ce débat n'a pas reçu beaucoup de soutien en interne. On m'a même affirmé qu'il n'existait pas de harcèlement moral chez nous», explique Michèle Sabban qui estime que, «dans une collectivité qui emploie un millier de personnes, on ne peut plus continuer de considérer la souffrance psychologique au travail comme un tabou.»
Le grand déballage. La région a déjà établi son plan de lutte : tolérance zéro pour les harceleurs, aide et écoute des victimes, réparation du préjudice subi, engagement à prendre des mesures concrètes pour faire cesser ces comportements et modifier les contextes qui auraient pu les favoriser. Ce matin-là, le débat tourne au dé