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Libération

«Bosser, crever, je n'ai jamais rien fait d'autre»

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publié le 11 avril 2002 à 23h00

Un foulard rouge éclatant négligemment posé sur son chignon de tresses, Gnima Seydi vient du Sénégal. Elle est «tombée dans les bras d'Arcade» il y a onze ans, à son arrivée en France. 43 ans, mère de six enfants, elle est femme de chambre à l'hôtel Ibis de Montmartre. Elle gagne 760 euros environ par mois.

«A l'ANPE, je n'ai rien trouvé. Une amie m'a dit : "Va dans les hôtels, il y a du travail." Arcade a été mon premier emploi, j'y suis restée. Dès le premier jour, j'ai trouvé que c'était dur. Je ne mangeais pas, ne buvais pas de la journée. La gouvernante (1) ne me demandait pas : "Est-ce que tu as déjeuné ?" mais : "Quand vas-tu finir ?" Je maigrissais, je souffrais mais ne disais rien. J'avais peur de perdre mon travail. Je croyais que tout était normal, je ne connaissais rien. Je gagnais 1000 à 2000 francs par mois, c'était beaucoup pour moi. Pendant deux ans, je n'ai pas eu de vacances. Je ne choisissais pas mes jours de repos. La veille au soir, on me disait : "Demain, c'est repos, il n'y a pas de travail." Parfois ils me rappelaient : "Viens travailler, sinon tu as un avertissement."

«Chaque matin, je prends le bus, le métro, le RER, le métro. Je dors toujours dans les transports, c'est la fatigue. J'ai gardé l'habitude de ne rien manger de la journée. Je prends un seul repas par jour, le soir, quand tout est terminé : la toilette, la prière, le ménage et la cuisine pour la famille. Le plat est alors bien rempli. Le médecin m'a dit que c'était mauvais.

«En septembre, j