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Libération

La moutarde monte au porte-monnaie.

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La pénurie de graines canadiennes risque de plomber le marché français.
publié le 13 avril 2002 à 23h02

Amères perspectives pour les amateurs de moutarde forte. Simples accros à la viande rouge bien relevée ou maniaques compulsifs de la tartine de pain frais au condiment qui pique, les Français, premiers consommateurs planétaires avec 1,1 kg par an et par tête, vont devoir faire face à l'inévitable inflation des petits pots jaunes. C'est que la bonne vieille «moutarde de Dijon» (qui n'est pas une appellation d'origine contrôlée mais un procédé de fabrication), de très loin la plus consommée dans l'Hexagone (61 000 tonnes par an, toutes marques confondues), subit une hausse sans précédent de sa principale matière première. La faute au Canada ! Ce pays est de loin le premier producteur mondial de graines de moutarde, avec quelque 70 % de la récolte planétaire, devant le Népal, alors que la France en a quasiment abandonné la culture dans les années 60.

Graine noire. Les Canadiens font donc la pluie et le beau temps sur le marché. Et voilà qu'ils n'ont produit l'an dernier que 120 000 tonnes de graines, contre 202 000 tonnes en l'an 2000 (-40 %). Mais comme la demande mondiale est restée à peu près inchangée pendant ces deux années-là, les cours de la graine, en particulier la qualité «noire» qui fait la moutarde la plus forte, font ces temps-ci une grimpette de 50 %, à plus de 500 dollars (426,52 euros) la tonne. L'amateur tricolore en fera forcément les frais : «Nous importons 28 000 tonnes de graines canadiennes chaque année. Je vois mal comment les industriels du secteur se pri