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Libération

Discrédit sur la finance espagnole

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La BBVA, deuxième banque du pays, est au coeur d'un énorme détournement de fonds.
publié le 15 avril 2002 à 23h02

Madrid, de notre correspondant.

Que s'est-il passé dans la tête d'Emilio Ybarra ? Dans les milieux économiques espagnols, on ne s'explique pas comment ce grand banquier sexagénaire, héritier d'une vieille dynastie basque, a pu sombrer dans la disgrâce. Considéré il y a peu comme un homme au-dessus de tout soupçon, l'ancien dirigeant du Banco Bilbao Viscaya Argentaria (BBVA), deuxième banque du pays, est au coeur d'un des plus grands scandales financiers de ces dernières années : sous son égide, pendant treize ans, 222 millions d'euros auraient été détournés vers des paradis fiscaux, au Liechtenstein et à Jersey principalement. Au total, dix-neuf hauts dirigeants seraient impliqués dans ce que le quotidien économique Cinco Dias qualifie de «fraude colossale».

Magistrat coriace. Selon les enquêteurs, les fonds détournés étaient destinés à acquérir des sociétés latino-américaines, à grossir des fortunes personnelles et à financer des mouvements politiques. En 1998, lors de la campagne présidentielle au Venezuela, Hugo Chavez aurait ainsi reçu 500 000 dollars (564 280 euros). Une aide qui devait l'inciter, une fois arrivé au pouvoir, à protéger les intérêts du Banco Provincial, une banque vénézuélienne contrôlée par la BBVA.

Le 8 avril, la Banque d'Espagne (la banque centrale espagnole) révèle ces mouvements d'argent délictueux et ouvre une enquête sur les banquiers présumés responsables. Le lendemain, le juge Baltasar Garzon se saisit de l'affaire. Ce magistrat, réputé coriace, s'