De la mondialisation à l'affaire Enron, en passant par le nécessaire rôle de l'Etat, Joseph E. Stiglitz, prix Nobel d'économie 2001, s'est confié à Libération.
Vous dites que «la mondialisation ne marche pas». Pourquoi ?
Parce qu'elle a affecté beaucoup de pays pauvres et surtout les populations pauvres de ces pays. Il n'y a pas eu d'aide supplémentaire, mais des blessures supplémentaires. Il faut modifier l'esprit dans lequel se fait cette mondialisation. Il faut la réformer en profondeur. Mais, avant cela, il faut comprendre pourquoi et comment les règles du jeu ne sont pas équitables. Elles sont injustes, parce qu'elles ont été écrites sous la dictée des intérêts économiques et financiers des multinationales, un prisme unique que les institutions internationales se sont bornées à relayer.
Vous êtes très critique à l'égard du FMI. Vous expliquez que la Malaisie, la Chine ou encore la Pologne, qui ont refusé la thérapie de choc imposée par le Fonds, s'en sont mieux sorties. Faut-il abolir ou réformer le Fonds ?
Les gouvernements veulent être en mesure d'en appeler à une aide extérieure, lorsqu'ils sont confrontés à une crise financière ou monétaire. Une institution type FMI est plus que jamais nécessaire. La détruire serait inutile. La vraie question est plutôt de savoir pourquoi les institutions internationales ont failli jusqu'à présent et comment les rendre plus efficaces. J'ai tenté d'identifier, dans les crises de transition des pays en dé