La tempête de «force 18» annoncée (Libération du 15 avril) a bien eu lieu. En Italie, la grève générale à l'appel des trois principales centrales syndicales a rassemblé, mardi dernier, 13 millions de salariés. Un chiffre impressionnant. A titre de comparaison, en mai 1968, la France avait plafonné au maximum à 10 millions de salariés en conflit.
A écouter les médias, notamment télévisuels, tout ce ramdam n'aurait lieu que pour un malheureux article du code du travail, l'article 18, que cherche à aménager le gouvernement Berlusconi et dont ne bénéficieraient que «quelques dizaines de personnes chaque année». C'est ne pas comprendre qu'en matière sociale le diable se cache toujours dans ce genre de détails.
En fait, l'article 18 sert de garde-fou aux employeurs et aux salariés pour... négocier des départs à l'amiable. Parce que les entreprises italiennes savent ce qu'il peut en coûter de licencier illégitimement un salarié, elles font des propositions de transactions à leurs employés dont elles souhaitent le départ. L'existence d'une loi très formelle permet une pratique informelle. Les Italiens ne sont pas les seuls à pratiquer les départs transactionnels ; la Cour de cassation ne cesse d'encadrer cette pratique en France.
Silvio Berlusconi avait cru être habile en excluant de la réforme les salariés en CDI des grandes entreprises. Il a réussi en fait à dresser contre son projet tous les salariés précaires et ceux des PME. Ceux qui sont peu protégés se disent : «Nous allons l'ê