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Libération

La tête dans les branches

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publié le 23 avril 2002 à 23h08
(mis à jour le 23 avril 2002 à 23h08)

David, 26 ans, élagueur à la ville de Paris, gagne 1 220 euros par mois.

«Pour être embauché comme élagueur-grimpeur par la ville, il faut effectuer un stage de trois mois. Au début, on est une trentaine, venus de tous les horizons. A la fin, il n'en reste qu'une quinzaine. C'est un boulot très physique, et le stage est très pénible. Chaque stagiaire doit franchir des hauteurs de grimpe. On nous dit : "Vous avez une semaine pour franchir les 20 mètres, deux semaines pour les 30, etc." Les types qui ont le vertige dégagent très vite. Nos articulations sont sollicitées en permanence, et on doit se coltiner des douleurs insupportables qui reviennent régulièrement. Pendant le stage, je me suis fait un tassement des côtes, un type s'en est fêlé deux, d'autres ont récolté des tendinites, des luxations. C'est notre lot quotidien. Un jour, un type souffrait d'une rage de dents, il avait de la fièvre, il était crevé. Il a demandé quelques jours de repos. Ils lui ont clairement fait comprendre que, s'il s'absentait, ce n'était pas la peine de revenir. Quand on est embauché, le calvaire continue. Les chefs estiment que les jeunes doivent déguster, histoire d'apprendre le métier. Du coup, on grimpe plusieurs fois par jour, tandis qu'ils montent de moins en moins dans les arbres.

«Ce que j'aime, c'est la remise en cause permanente. Des fois, je me dis que je connais bien mon métier, que je suis très professionnel, puis, dès que je suis fatigué, la peur, le doute, la fébrilité reprennent le