C'est comme un symbole : au moment où la France résonne de la «préférence nationale», elle connaît, sans bruit, une grève d'«immigrés». Jeudi dernier, des médecins «praticiens à diplôme hors Union européenne» ont fait grève des soins non urgents et des actes administratifs. Ces 4 000 toubibs, la plupart d'origine extracommunautaire, souvent de garde aux urgences ou dans les services de soins, sont indispensables au fonctionnement de l'institution. Si Le Pen gagnait, qui donc soignerait nos bobos du samedi soir ? Cet exemple n'est que la partie immergée de l'iceberg que constitue la question de l'immigration en Europe. Car, si le discours de l'extrême droite n'a pas changé, la réalité, elle, bouge sous nos yeux. En fait, au bout de trente ans de fermeture quasi absolue des frontières à l'immigration de main-d'oeuvre, le Vieux Continent cherche la clé pour entrouvrir la porte.
En dépit d'un taux de chômage de 8,5 % dans l'Union européenne, des tensions se font sentir sur le marché du travail dans certains secteurs, variable selon les pays (santé, transport, technologies de l'information, hôtellerie, etc.). Et les organisations d'employeurs, plus ou moins discrètement, demandent la possibilité de recourir à l'immigration pour combler ces manques et montre l'exemple américain : les Etats-Unis, en 2000-2001, ont reçu 195 000 travailleurs. Car il y a de bonnes raisons à l'immigration : lorsque le changement technologique est si rapide qu'il exige l'arrivée d'une main-d'oeuvre que l