Avant Jussieu, Mustapha, algérien, a connu Tolbiac, «tour infernale» de 22 étages située dans le XIIIe arrondissement de Paris : «Je me demande encore si ça ressemble à un parking ou à un hôpital pour enfants mal entretenu, avec ses couleurs vives limite nauséeuses. Mais l'administration n'est pas la seule à s'en désintéresser. En premier cycle, les étudiants font régulièrement grève, on ne sait pas trop pourquoi. Pourtant c'est Paris-I, la Sorbonne ! Un truc mythique à l'étranger !» Mêmes attentes, même déception pour Raluca : «La France se dévalorise avec ce système à deux vitesses, où l'orientation en fac est un choix par défaut. C'est un peu dommage qu'il n'y ait aucune sélection : on a un tas de glandeurs, des locaux surchargés et des profs pas vraiment enthousiastes. Tout le monde subit ce nivellement.»
Curiosités françaises ? Côté grandes écoles, l'idée d'une «voie royale» déroute. Ben est américain : «Qu'il y ait des établissements plus réputés que d'autres, ça ne me choque pas, mais je ne comprends pas pourquoi le système français est si fermé. On a l'impression qu'à 20 ans, l'avenir professionnel est joué. Je ne vois pas pourquoi prétendre directement à des fonctions dirigeantes sous prétexte qu'on est excellent en maths ou qu'on a une jolie plume. Chez nous, la sélection se fait un peu plus tard, sur des critères plus larges. Et on est conscient qu'il faudra de toute façon faire ses preuves une fois embauché.»
La coupure entre filières élitistes et grand public surp