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Libération

Des métallos berlinois s'offrent leur première grève

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Les salariés d'Alstom à Berlin débrayent depuis hier. Une action inédite dans cette usine de l'ex-RDA.
publié le 14 mai 2002 à 23h27

Berlin de notre correspondante

Le piquet de grève est très solennel ce lundi matin devant les grilles de l'usine Alstom de Berlin qui vient de rejoindre le mouvement lancé par le syndicat allemand de la métallurgie (lire ci-dessous). Comme toujours en Allemagne, cette grève est très bien organisée, mais ici, dans cette entreprise spécialisée dans l'entretien de turbines électriques, c'est aussi une grande première. «Imaginez un peu, c'est la première grève à Berlin depuis le début des années 1930 !», avoue Bernd, un ajusteur de 53 ans, paré du traditionnel brassard rouge qui précise, en toutes lettres, de quoi il retourne : «Wir streiken» («Nous faisons grève»).

Formation spéciale. «A Berlin-Ouest, patrons et ouvriers s'entendaient pour ne pas faire désordre à l'avant-poste du bloc de l'Ouest. Et ici, à l'Est, nous n'avions pas besoin de faire grève. La RDA était l'Etat des ouvriers : faire grève aurait signifié se dresser contre nous-mêmes !», explique-t-il, dans un sursaut de rhétorique communiste. Ses collègues groupés autour de lui approuvent : «Oui, du temps de la RDA, tout était plus social.» «Il est bon qu'on se batte enfin pour nos droits», ajoute un autre.

En prévision de cette grande première, Bernd et une dizaine d'autres volontaires de chez Alstom ont eu droit à une formation spéciale, dispensée par le syndicat IG Metall, pour apprendre le B.A.-ba du débrayage, particulièrement codifié en Allemagne : qui laisser pénétrer dans l'usine, comment «persuader» les collègu