Difficile de faire des annonces spectaculaires quand les élections législatives risquent de se traduire par un changement de majorité. C'est pourquoi, Hervé Gaymard, 42 ans, le nouveau ministre de l'Agriculture, de l'Alimentation, de la Pêche et des Affaires rurales (un ministère «élargi») a dû se contenter hier d'une «mesurette», pour sa première sortie officielle. Elle n'en témoigne pas moins des choix difficiles qui pèsent sur l'agriculture : «J'ai décidé de suspendre la modulation telle qu'elle existe aujourd'hui», a-t-il expliqué. La modulation ? Un dispositif datant de 1999 qui prélève des sommes sur les aides communautaires à la production pour les réorienter vers «le développement rural», lequel doit permettre aux paysans de diversifier leurs activités hors de la seule production.
Derrière cet enjeu apparemment modeste se dessinent en fait les futurs contours de la politique agricole commune (PAC), équation explosive s'il en est : comment réorienter la PAC en faveur du «développement rural» sans réduire ou couper les aides à la production, dont la seule évocation fait hurler les paysans français ? C'est tout le problème d'Hervé Gaymard, qui a rencontré au début de cette semaine Frantz Fischler, le tout-puissant commissaire européen à l'Agriculture. Au menu, l'inévitable réforme-aménagement de la PAC devant le niet de l'Allemagne de continuer à être le premier payeur, et face à la position française qui refuse de voir baisser les aides, dont ses agriculteurs sont les p