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Libération
Interview

«Pour moi, c'était le pays de l'argent facile»

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publié le 25 mai 2002 à 23h35

Pan ­ ce n'est pas son vrai nom ­ a aujourd'hui 15 ans. Elle est laotienne, et vient de la province de Savannakhet, dans le sud du Laos, près de la frontière thaïlandaise. En 2000, elle avait 13 ans, elle a été exploitée pendant sept mois, sans toucher le moindre salaire, dans une petite usine clandestine de Bangkok qui fabriquait des filtres et des tubes pour des canalisations d'eau. Elle a fini par s'échapper et a été récupérée par le centre de protection et de réhabilitation Kred Trakarn dans la banlieue de Bangkok, dépendant du ministère thaïlandais du Travail et de la Protection sociale. Jusqu'à 500 jeunes filles thaïlandaises et étrangères y trouvent refuge chaque année, avant de pouvoir rentrer dans leur région d'origine.

Vieille maison. «J'ai décidé un jour de quitter l'école et de partir en Thaïlande. Pour moi, c'était le pays de l'argent facile. J'ai juste dit à ma mère que je partais là-bas, je l'ai caché à mon père. Après avoir passé la frontière, j'ai été prise en charge par un intermédiaire thaïlandais et je suis restée quelques jours dans la maison d'une femme. Puis on m'a emmenée en minibus jusqu'à Bangkok, mais je ne savais pas du tout où j'allais travailler. J'ai atterri dans une vieille maison sombre à volets clos, sur l'une des grandes avenues de Bangkok. Le propriétaire, un Thaïlandais d'origine chinoise, m'a dit que c'était une usine et j'ai été soulagée parce que j'avais très peur de tomber dans la prostitution. Mon travail, c'était de nettoyer des tube