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Libération

Européens, salariés et d'extrême droite

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Ils ont viré de bord, passant d'un vote de gauche à un vote populiste. Tour d'horizon européen.
publié le 27 mai 2002 à 23h36

Scrutin après scrutin, l'évidence s'impose : les salariés européens, 83 % des actifs, sont gagnés par le populisme et l'extrême droite. On n'explique pas autrement que l'extrême droite française (FN et MNR) ait rassemblé 20 % des suffrages lors du premier tour de la présidentielle, 27 % aux dernières législatives pour le parti de Jörg Haider (FPö) en Autriche, 17 % pour la liste Pim Fortuyn aux Pays-Bas, 12 % pour le Parti danois du peuple, 15,9 % en Italie pour l'Alliance nationale (12 %) et la Ligue du Nord (Bossi : 3,9 %). Plus saisissant encore : le populisme s'est ancré dans la partie la plus populaire et la plus précaire des salariés. C'est ainsi que le Front national a pu, en France, bénéficier de près de 30 % des voix des ouvriers et de 40 % de celles des chômeurs, il est vrai dans un environnement fortement abstentionniste. Le phénomène se retrouve aussi en Autriche. Et même dans les pays où il n'existe pas de parti se réclamant de l'extrême droite, l'électorat des partis sociaux-démocrates glisse vers des partis plus à droite, comme le Parti populaire de l'Espagnol Aznar, qui, dans les sondages, attire 22,6 % des ouvriers, pas loin du PSOE, qui lui recueille 27, 4 % des intentions de vote (contre 6,3 % aux communistes).

Désarroi. Pourquoi la clientèle traditionnelle de la gauche bascule-t-elle à l'extrême droite ? Première réponse, un sentiment de désarroi. «Les ouvriers subissent lourdement le passage d'une société industrielle à une société postindustrielle», expl