Séoul envoyé spécial
Sur le panneau, les prix cassés font face aux initiales. LV pour Louis Vuitton, P pour Prada, G pour Gucci... Avec ses portefeuilles ou porte-cartes en cuir, Shim Ha-suk fait chaque jour un carton auprès de la foule en balade dans le quartier commerçant de Myongdong. Tous les articles du vendeur sont, on l'aura compris, des contrefaçons, Mais pas n'importe lesquelles : «L'originalité des copies sud-coréennes est, entre autres, leur qualité. On est loin, très loin, de la copie vite expédiée fabriquée en Thaïlande, au Viêt-nam ou en Chine», reconnaît, sans vouloir être cité, un fonctionnaire européen basé à Séoul. Car en Corée du Sud, onzième puissance économique mondiale et pays membre de l'OCDE le club des pays riches , la vente de vrais-faux produits de luxe est un sujet de plus en plus explosif. Elle enrage les grandes marques du luxe qui rêvent de transformer ce pays de 47 millions d'habitants friands de logos et d'articles de qualité en une nouvelle poule aux oeufs d'or, version Japon.
Elle déstabilise, surtout, le marché du luxe asiatique et nippon : «Nous devons lutter contre deux fléaux : l'exportation de plus en plus massive de faux coréens et les achats croissants de contrefaçons par les touristes japonais en visite à Séoul», s'indigne Hee Chang-sun, gérante de la boutique Vuitton du grand magasin Hyundai à Apgujeong, l'un des quartiers chic de Séoul. A Myongdong, autre quartier de Séoul, les Japonaises affluent par charters entiers pour rempli