Bruxelles (UE) de notre correspondant
«Y a quelque chose qui cloche là-dedans, j'y retourne immédiatement.» La Commission européenne est dans le même état d'esprit que l'ingénieur du dimanche de Boris Vian. Comment est-il possible, alors que l'Union est un havre de paix et de richesse, qu'une vague d'extrême droite et populiste emporte les uns après les autres les gouvernements sociaux-démocrates en place ? A Bruxelles, l'introspection a commencé. Après tout, le modèle économique qui fait tourner l'Europe a été conçu ici, du marché intérieur à la monnaie unique en passant par la politique de concurrence ou le commerce extérieur. Et, manifestement, c'est ce modèle qui a été rejeté par une partie de la population : «L'Europe est perçue comme le vecteur d'une mondialisation sauvage et non comme un bouclier», reconnaît, désolé, Pascal Lamy, le commissaire européen chargé du Commerce extérieur. On admet à Bruxelles que «la proportion de libéralisation et de concurrence est, depuis les années 90, devenue trop forte».
Le salarié oublié. «C'est vrai que les citoyens n'entendent parler que d'ouverture à la concurrence, de flexibilisation du marché de l'emploi, de mondialisation», dit un fonctionnaire de la Commission. Quand Bruxelles interdit une fusion entre entreprises ou proscrit une aide d'Etat au nom de la concurrence, c'est toujours le consommateur qui est mis en avant, jamais le travailleur ou l'emploi. Si la frénésie de l'Union en matière d'ouverture des marchés semble sans